Pourquoi s’intéresser aux eaux souterraines ?
Les eaux souterraines contribuent à une part importante de l’alimentation en eau potable : 77 % de l’alimentation dans le bassin Rhône Méditerranée. Disposer de ressources en quantité suffisante est donc un enjeu majeur dans le contexte du changement climatique.
Une mauvaise qualité d’une eau souterraine peut également avoir des impacts sur le coût de l’eau potable, par les traitements de potabilisation qu’elle nécessite : la mauvaise qualité d’une eau souterraine participe à l’augmentation du prix de l’eau produite, voire conduit à l’abandon de cette ressource.
La mauvaise qualité d’une nappe souterraine contribue aussi à la dégradation des milieux aquatiques auxquels elle est liée : cours d’eau, milieux humides.
Les objectifs fixés par la directive cadre européenne sur l’eau quant à la gestion des eaux souterraines visent à :
- gérer de façon durable les ressources en eau,
- prévenir toute dégradation des écosystèmes aquatiques associés,
- assurer un approvisionnement suffisant en eau potable de bonne qualité,
- réduire la pollution des eaux souterraines par les rejets de substances dangereuses.
Qui suit l’état des eaux souterraines ?
Le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) assure la surveillance quantitative et qualitative des eaux souterraines. Il gère un réseau de suivi piézométrique, c’est à dire de mesure du niveau des nappes en temps réel qui, dans le Doubs, comporte 10 sites de mesure. Les sites de mesure de la qualité des eaux souterraines utilisés pour déterminer leur état sont au nombre de 30 dans le département.
Le portail cartographique du SIE Rhône Méditerranée indique la position des sites de suivi des eaux souterraines. Les données sont consultables sur le site ADES, qui publie les données relatives aux eaux souterraines et permet une recherche à l’échelle du département.
Une surveillance spécifique pour certains usages
L’eau potable doit respecter des normes de qualité spécifiques. Ces suivis sont indépendants de l’évaluation de la surveillance des eaux souterraines effectués dans le cadre de la DCE. Ils sont réalisés par les ARS (Agences régionales de santé).
Comment sont évalués l’état quantitatif et l’état qualitatif des eaux souterraines?
L’évaluation de l’état quantitatif et de l’état chimique des masses d’eau souterraines est défini par la Directive Cadre sur l’Eau 2000/60/CE, dite DCE, et sa directive fille « eaux souterraines » 2006/118/CE.
L’état quantitatif d’une masse d’eau souterraine est bon lorsque :
- le niveau de l’eau souterraine permet d’atteindre les objectifs environnementaux,
- le niveau de la masse d’eau souterraine est tel que le taux annuel moyen de captage à long terme ne dépasse pas la ressource de la masse d’eau,
- le niveau de l’eau en période d’étiage permet de satisfaire les besoins d’usages sans risques d’effets préjudiciables sur les milieux aquatiques et terrestres associés.
L’état chimique ou qualitatif d’une eau souterraine est considéré comme bon lorsque :
- les concentrations en polluants dues aux activités humaines :
- ne dépassent pas les normes définies au niveau national ou européen,
- n’empêchent pas d’atteindre les objectifs fixés pour les eaux de surface et les écosystèmes terrestres alimentés par cette masse d’eau souterraine,
- n’empêchent pas d’atteindre les objectifs liés aux zones protégées (zone de captage d’eau pour la consommation humaine).
- il n’est constaté aucune intrusion d’eau salée ou autre due aux activités humaines.
Les substances surveillées pour évaluer la qualité chimique sont, entre autres, les pesticides, les nitrates, les métaux lourds, les hydrocarbures, les polychlorobiphényles (PCB), les bactéries. Les résultats d’analyse sur trois années consécutives sont comparés à des normes de qualité environnementale (NQE) conduisant à une carte d’état chimique des différentes masses d’eau souterraines, avec deux états possibles : bon état (en vert) et état médiocre (en rouge).
Le bon état d’une masse d’eau souterraine, défini à l’article R. 212-12 du code de l’environnement, résulte de la combinaison de critères à la fois qualitatifs et quantitatifs.
Point de situation dans le Doubs
L’Etat des masses d’eau souterraines du bassin Rhône Méditerranée a été évalué dans le cadre de l’élaboration du SDAGE 2022-2027, avec les données récentes.
Aspect quantitatif
Au niveau quantitatif, seule la masse d’eau Alluvions de la Savoureuse, au nord du département, est en état médiocre. Cette masse d’eau est sollicitée sur sa partie amont, dans le Territoire de Belfort, pour l’alimentation en eau potable.
Pour en savoir plus sur l’actulaité du niveau des nappes:
Consultez ici les arrêtés de restriction d’eau qui peuvent être pris en cas de baisse du niveau des nappes.
Consultez ici l’indicateur piézométrique du niveau des nappes dans le Département
Aspect qualitatif
Au niveau de la qualité des masses d’eau souterraines du département, deux d’entre elles figurent en état chimique médiocre : les Calcaires jurassiques des Avants-Monts et les Calcaires jurassiques des plateaux de Haute-Saône, que l’on retrouve respectivement au niveau des vallées du Doubs et de l’Ognon.
Ces masses d’eau sont déclassées car la concentration en pesticides totaux dépasse la valeur seuil. C’est également le cas pour certaines molécules, en particuliers l’AMPA (sous-produit de dégradation d’herbicide), le S-Metolachlore (herbicide), et le ESA Metolachlore (sous-produit de dégradation d’herbicide), par ailleurs fréquemment retrouvés dans les cours d’eau superficiels.
Pour en savoir plus :
– Pour une vision plus large, consultez le Bilan annuel de l’Agence de l’eau RMC sur l’état qualitatif des eaux souterraines dans le bassin et les Bulletins mensuels de l’état quantitatif et du risque de sécheresse des nappes produits par le BRGM.
– Pour des précisions à l’échelle locale, consultez les Données d’état chimique des eaux souterraines à l’échelle de la station de mesure élaborées par l’Agence de l’Eau RMC.
Vers une démarche de préservation des ressources stratégiques
Dans un contexte de changement climatique et de pressions liées aux activités humaines, la ressource en eau, tant du point de vue des quantités utilisables que de sa qualité, est de plus en plus fragilisée. Afin de garantir l’alimentation en eau potable pour les générations futures, une stratégie de préservation des eaux souterraines est plus que jamais nécessaire. Elle repose notamment sur des ressources dites « stratégiques ».
Retrouvez plus d’informations sur la préservation des ressources en eaux souterraines sur cette page du site et sur le site web de l’ASCOMADE