De 2012 à 2019, le laboratoire Chrono-Environnement a poursuivi avec le soutien financier de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, de la Région Bourgogne Franche-Comté et du Département du Doubs, un programme de recherches centré le réseau hydrographique de la Loue, avec 4 objectifs :

  • Caractériser de manière approfondie l’état de santé actuel de la Loue et ses évolutions,
  • Appréhender les mécanismes de perturbations des fonctions biologiques du cours d’eau,
  • Identifier les contaminants présents dans les différents compartiments de l’écosystème et examiner leurs sources potentielles à l’échelle du bassin versant,
  • Explorer les relations existant entre l’évolution des activités socio-économiques du bassin versant de la Loue et la qualité des eaux.

État de santé : une altération des potentiels biologiques

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  • Une abondance de salmonidés (truites et ombres) réduite de 50 à 80 % selon les secteurs, avec une faible survie des jeunes stades,
  • Une biodiversité d’insectes aquatiques sensibles diminuée de 25% par rapport aux années 1960, et de 50% par rapport à une situation naturelle,
  • Une quantité d’insectes polluo-sensibles en déficit de 50 à 80% selon les secteurs et les années,
  • D’importants développements algaux colmatant les fonds, notamment lorsque de bas débits succèdent à des crues fortes transférant des nutriments depuis les sols.

Un impact de deux groupes de facteurs agissant conjointement 

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Azote & Phosphore

Un excès modéré mais continu d’azote, accompagné parfois de surabondance de phosphore, dope la croissance algale, et provoque un accroissement de la teneur de l’eau en bicarbonates. Parmi les potentiels facteurs explicatifs figurent :

  • L’augmentation des surfaces mises en culture et la diminution des prairies réellement permanentes, qui intensifient le retournement des sols et qui induisent la minéralisation rapide de la matière organique. Le sol perd sa capacité de stockage des polluants et exporte du calcium,
  • L’amélioration de la productivité laitière, qui augmente les quantités d’effluents d’élevage qui doivent être épandus,
  • La prise en considération insuffisante de la vulnérabilité des sols, et notamment de la faible aptitude à l’épandage des sols superficiels,
  • Une contribution de second plan de systèmes de traitement des eaux usées, mais avec des marges de progressions.
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Substances chimiques actives

Des contaminations par diverses substances chimiques actives comme les pesticides, les produits phytosanitaires, les substances médicamenteuses, mais aussi les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) en forte concentration. Parmi les potentiels facteurs explicatifs figurent :

  • Des usages locaux des pesticides et phytosanitaires pour protéger les cultures, pour désinsectiser les bâtiments d’élevage, mais également pour traiter les bois coupés contre les parasites,
  • Des usages domestiques de substances médicamenteuses très partiellement traitées par les dispositifs d’assainissement,
  • Des apports de HAP à différentes échelles, du dépôt atmosphérique touchant l’ensemble du massif, au trafic routier local voire aux anciennes décharges et sites industriels.

Des facteurs aggravants

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La nature karstique du bassin accroît la vulnérabilité des cours d’eau vis-à-vis des contaminants, qui peuvent être transférés très rapidement des sols vers les eaux.

Les perturbations des habitats fragilisent la faune : modifications du tracé des affluents et perte de leur qualité, végétation de bordure insuffisante, seuil et barrages, etc.

La synthèse générale du programme Atelier Loue et sa version grand public sont téléchargeables sur ce site, de même que les rapports thématiques.