Restauration morphologique

La restauration morphologique des cours d’eau permet de leur redonner un fonctionnement le plus naturel possible grâce à différentes techniques utilisables conjointement et adaptées aux objectifs et au contexte local.

Le reméandrement

Il permet de casser une rectitude ou un déplacement du lit imposés aux rivières à des fins agricoles ou d’urbanisation. Un lit sinueux est recréé en recherchant la position des méandres historiques. Les lits actuels rectifiés ayant souvent été élargis et surcreusés (curages, recalibrages), un gabarit de lit proche du naturel est donné, en accord avec son débit.

Reméandrage du Bief Voulain par l’EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue © Lionel Georges – CD25

Des effets positifs sur la ressource en eau : redonner au lit un gabarit naturel avec une rehausse du fond s’accompagne d’une hausse de la nappe d’accompagnement du cours d’eau, qui soutiendra son débit en période sèche et permettra de garder des terrains frais. Il s’agit d’une mesure naturelle de rétention de l’eau, pertinente dans un contexte de changement climatique.

La recharge granulométrique

C’est une pratique alimentant le lit de la rivière en graviers, cailloux, pierres et blocs, afin de reconstituer le matelas alluvial, souvent disparu et laissant apparaître un fond terreux ou rocheux. Cet apport est essentiel pour l’équilibre sédimentaire du cours d’eau, l’épuration de l’eau et la vie aquatique. Elle peut être utilisée pour compléter d’autres techniques.

Recharge granulométrique du ruisseau de Saint-Renobert par l’EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue © Eaux-Continentales 

La restauration de la ripisylve

Cette mesure consiste à replanter ou laisser repousser des arbres et arbustes sur les berges, concourant à maintenir celles-ci grâce aux racines, à produire des zones d’ombre limitant le réchauffement, et à créer des caches pour la faune. La végétation contribue également à filtrer les apports polluants.

Le Doubs au droit de l’ENS d’Avanne-Aveney © Lionel Georges – CD25

La reconnexion des milieux annexes

Elle contribue à la continuité latérale, souvent perturbée par l’enfoncement artificiel du lit des cours d’eau. Elle permet aux bras-morts, baissières et prairies inondables d’être réalimentés par le cours principal lors des crues. Plus souvent et plus longtemps en eau, elles peuvent jouer leur rôle de frayère, d’atténuation des crues, d’épuration de l’eau, de piège à CO2, etc.

Le brochet se reproduit dans les annexes hydrauliques © Thomas Daudey

Géométrie du lit

Dans les secteurs fortement contraints par les usages, un travail sur la géométrie du lit peut également être réalisé. L’adoucissement de la pente des berges et la création de banquettes minérales ou en génie végétal permet de diversifier les hauteurs d’eau et les écoulements. Ces techniques sont à réserver aux contextes ne permettant pas la mise en œuvre de méthodes plus ambitieuses. En contexte urbain, l’effet d’îlot de fraicheur et d’amélioration du paysage est aussi intéressant.

Restauration du lit dans la traversée de La Rivière-Drugeon par l’EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue © Lionel Georges

Restauration de la continuité amont/aval

La continuité écologique des cours d’eau est un élément majeur de la reconquête du bon état écologique. Elle se définit comme la libre circulation des organismes vivants et leur accès aux zones de reproduction, de croissance, d’alimentation ou d’abri, et par le bon déroulement du transport naturel de l’eau et des sédiments.

Restaurer la continuité écologique des cours d’eau consiste à décloisonner les rivières fragmentées par des ouvrages transversaux (seuils, barrages, étangs en barrage, etc.). Cette restauration permet de rétablir les dynamiques piscicoles, sédimentaires et hydrologiques naturelles.

Plusieurs solutions peuvent être appliquées, classées ici par ambition écologique décroissante :

  • L’effacement complet de l’ouvrage permet une restauration totale de la circulation piscicole et du transport sédimentaire, et apporte également d’autres bénéfices : le cours d’eau retrouve une morphologie naturelle et est moins sensible au réchauffement.
  • L’arasement total ou partiel consiste à diminuer la hauteur de chute de l’ouvrage,
  • La création d’un bras de contournement,
  • L’installation d’une passe à poissons.
Effacement du seuil de Beaulieu sur le Doubs (2019) par l’EPTB Saône et Doubs
Bras de contournement sur la Loue – Barrage de Rurey © Lionel Georges
passe à poisson à macro-rugosité sur l'Ognon
Passe à poissons sur l’Ognon, communes de Vieilley (25) et Cromary (70) © SMAMBVO
Passe à aprons à Chenecey (GBM) ©CD25

Code de l’environnement

Concernant les objectifs de restauration de la continuité des cours d’eau, l’article L 214-17 du Code de l’Environnement précise qu’il doit être établi deux listes pour chaque bassin :

  • la liste 1 des cours d’eau sur lesquels tout nouvel obstacle à la continuité écologique est interdit ;
  • la liste 2 des cours d’eau sur lesquels il convient d’assurer ou rétablir la libre circulation des poissons et le transit des sédiments.

Pour la première liste, le renouvellement de la concession ou de l’autorisation des ouvrages existants sera subordonné à des prescriptions permettant de préserver les cours d’eau de dégradations futures.

Par ailleurs, les ouvrages sur cours d’eau de la liste 2 devront être effacés ou aménagés dans les 5 ans qui suivent la publication des arrêtés correspondants.

Pour en savoir plus : https://www.doubs.gouv.fr/Politiques-publiques/Environnement/Eau/Classement-des-cours-d-eau