Les cours d’eau sont des milieux fragiles. Leur tracé, la forme de leur lit et de leurs berges ont été modifiés de longue date pour répondre à des usages locaux, mais ces modifications occasionnent, sur le long terme ou à une échelle plus large, des perturbations de l’écosystème ou d’autres usages. Redonner aux cours d’eau leur qualité physique nécessite donc des travaux dits « de restauration ».

Le fonctionnement naturel des cours d’eau

Structure d’un cours d’eau ©Oleau 2017

Pour que le cours d’eau fonctionne, la qualité de son eau et son débit doivent être suffisants, et les processus physiques et morphologiques doivent se dérouler naturellement, chaque élément influant sur les autres.

Un cours d’eau non perturbé est un milieu complexe et dynamique :

  • Les cours d’eau sont en interaction avec des zones humides voisines. Fonctionnant comme des éponges, elles ralentissent les crues et sont des réserves d’eau en période sèche.
  • Les cours d’eau sont en interaction avec leurs nappes souterraines d’accompagnement. Un cours d’eau pollué… pollue sa nappe….
  • Ils sont bordés d’une végétation appelée ripisylve. Celle-ci stabilise les berges, épure l’eau, sert de refuge à la faune, et ombrage le lit.
Profil en travers d’un cours d’eau © AERMC
  • Les cours d’eau naturels offrent des habitats variés – en termes de vitesses d’écoulement, de hauteurs d’eau, de types de substrat – favorables au développement de la faune et de la flore (sable, galets, blocs, bois morts, végétaux aquatiques, etc.).
  • Le tracé du cours d’eau évolue selon sa dynamique fluviale. Comme une balance, elle trouve son équilibre entre son débit liquide (eau) et son débit solide (transport de galets, graviers, sables, etc.). Si le débit liquide est plus important, la rivière cherche à s’équilibrer en érodant pour compenser son manque de débit solide. Au contraire, si le débit solide est plus important, la rivière s’équilibre en déposant les sédiments qu’elle transporte.
La continuité écologique – transit sédimentaire et libre-circulation des organismes ©Oleau 2019
  • Un cours d’eau préservé assure l’écoulement des eaux et des sédiments de l’amont vers l’aval, et permet la libre circulation de la faune. C’est la continuité écologique.

© office français de la biodiversité

Pour aller plus loin : EAU TV, des Elus et des Rivières

Causes et symptômes des dégradations physiques

L’homme a de longue date modifié la morphologie des cours d’eau pour ses activités : alimentation en eau potable, irrigation des cultures, navigation, extraction de granulats pour la construction, production d’énergie hydroélectrique, etc. Les cours d’eau ont vu leur lit modifié, creusé, élargi, barré, déplacé voire enterré pour gagner des surfaces constructibles ou exploitables par l’agriculture.

Apportant une fausse idée de « contrôle », ces travaux ont eu pour conséquence de perturber durablement les écosystèmes aquatiques. En cas d’interventions humaines sur ses caractéristiques naturelles, des déséquilibres ont pu apparaître dans le lit d’un cours d’eau, sur des distances conséquentes, en amont et en aval.

La rectification des méandres, l‘artificialisation des berges, le curage ou le recalibrage complet des cours d’eau, l’implantation de seuils et de barrages, le déboisement, ont considérablement appauvri la biodiversité, augmenté le risque d’inondation, fragmenté et altéré les habitats et réduit la capacité des cours d’eau à s’épurer.

Les écosystèmes fonctionnels rendent des services !

L’homme tire de nombreux avantages des cours d’eau ou zones humides associées : ressource en eau et filtration des polluants favorisant la production d’eau potable, régulation des crues, valeur paysagère, loisirs, production de poisson, etc.

Mais ces services gratuits sont bien moindres en cas de pollution, de prélèvements excessifs, ou d’altérations physiques du lit.

Retrouver le fonctionnement naturel d’une rivière est donc un objectif d’intérêt général, car il permet de :

  • Restaurer la qualité physique et la continuité écologique des cours d’eau,
  • Améliorer la qualité de l’eau,
  • Limiter le risque d’inondation,
  • Favoriser le stockage d’eau dans le sol pour réduire l’impact des sécheresses et accroitre la ressource en eau,
  • Préserver la biodiversité et le patrimoine naturel,
  • Retrouver un paysage attractif,
  • Renouer un lien entre la population et les milieux aquatiques.

Quant à l’aspect règlementaire, la Loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA) de 2006 préconise le retour à l’état naturel des cours d’eau pour restaurer les écosystèmes aquatiques et retrouver une bonne qualité des eaux.