Un Espace Naturel Sensible (ENS) est un site naturel qui présente un intérêt pour la flore et la faune qu’il abrite ou pour ses caractéristiques paysagères ou esthétiques. La labellisation « ENS » d’un site a pour but de le protéger les milieux naturels présents mais également de les faire découvrir et de les valoriser auprès du public.
Gestion des espaces
La gestion des ENS relève de la compétence des Départements, qui peuvent s’appuyer sur deux outils :
- Un outil foncier : le Conseil départemental peut créer des zones de préemption spécifiques pour maîtriser des entités cohérentes. Il peut déléguer ce droit à d’autres collectivités ;
- Un outil financier : le Conseil départemental peut instaurer une taxe d’aménagement dédiée notamment aux espaces naturels sensibles (TAENS), prélevée sur les droits à construire, et qui peut atteindre 2,5%. Cette taxe sert principalement à l’acquisition, la gestion et l’aménagement pour l’ouverture des sites au public.
Les actions réalisées sont issues d’un plan de gestion et d’un plan d’interprétation, qui définissent et planifient les mesures, travaux et aménagements à mettre en œuvre pour préserver les milieux naturels et les faire découvrir au public tout en respectant leur sensibilité.
La démarche est conduite de façon concertée au sein d’un comité de pilotage associant les différents acteurs concernés. La gestion des sites est principalement assurée par des acteurs locaux ou associatifs, avec le soutien du Département.
Sur le territoire départemental
En 2022, le Département du Doubs porte un réseau composé de 31 sites recouvrant une superficie globale de 5 300 ha. Pour 19 d’entre eux, ces sites sont ouverts au public.
Plus de 60% de la surface globale de ces 31 sites correspond à des milieux majoritairement humides. Le dernier site labellisé « Espace Naturel Sensible » en 2021 est le site de la plaine alluviale du Val de Morteau.
Voici les principaux sites ENS présentant des milieux humides et leurs gestionnaires :
- Marais de Saône – SMIX du Marais de Saône,
- Zones humides d’Arc-sous-Cicon – EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue,
- Mares forestières entre Besançon et Ognon – SMAMBVO,
- Plaine alluviale du Val de Morteau – EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue,
- Tourbières des Guillemins au Bizot – Département du Doubs,
- Lac de Bouverans et marais du Varot – EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue,
- Tourbières de Passonfontaine et de Longemaison – CEN FC,
- Vallée de l’Allan – PMA,
- Prairies du Grand Roue à Jallerange – SMAMBVO.
Acquises en 2013 par le Département du Doubs, les prairies humides et la tourbière des Guillemins sont situées sur les communes du Bizot et du Mémont. Ce site s’inscrit dans un Espace naturel sensible défini dans le schéma départemental des ENS du Doubs. Objectif : préserver ce patrimoine naturel, riche d’une biodiversité remarquable en participant également à la régulation et à la filtration des eaux.
C’est en partenariat avec le Conservatoire des espaces naturels de Franche-Comté et les acteurs locaux que plusieurs actions contribuant au maintien de la biodiversité dans cet espace ont été menées : mise en pâturage des terrains adjacents au cœur de la tourbière, travaux de restauration hydraulique et d’enlèvements des déchets dans les dolines propriétés du Département, concertation avec les propriétaires forestiers pour limiter l’impact de l’exploitation des boisements de la zone humide, sensibilisation à la reconversion des plantations de résineux, etc.
Abritant une flore et une faune riches et essentielles, sur une zone humide de 45 hectares dont 15 hectares de tourbière, c’est un plan de gestion ambitieux qui a été – et continue – d’être mené sur cet espace.
Prochaine étape dans les mois à venir : faire découvrir aux visiteurs, petits et grands, ce patrimoine naturel local !
Découvrez ci-dessous les actions déjà réalisées pour préserver les prairies humides et la tourbière des Guillemins :
Un dispositif de protection unique au sein de l’ENS « Enjeux amphibiens entre Besançon et Ognon »: près de neufs tunnels ont été construits sous la route départementale 14 à Geneuille. Cette action s’inscrit dans un plan d’action de restauration de la continuité écologique porté par le Département.
Le choix s’est porté sur cette route, au sein de l’Espace naturel sensible, du fait d’un point d’écrasement important sur le tracé migratoire des grenouilles, tritons, crapauds et salamandres.
S’il existe d’autres dispositifs de ce type dans le Doubs, celui-ci est unique de par le gabarit plus fonctionnel des tunnels (un mètre de largeur et 80 centimètres de hauteur) et ses trappes de piégeage qui facilitent l’inventaire des espèces bénéficiaires. Ces installations ont été construites pour guider les amphibiens et les petits mammifères -comme les hérissons et le putois européen- sous la route et ainsi éviter qu’ils soient écrasés. Les amphibiens n’empruntent pas ce passage tout au long de l’année. Ils l’utilisent au moment de la migration, de la forêt à la mare pour aller pondre et de la mare à la forêt pour l’hivernage.
Un suivi de l’efficacité de cet aménagement est mené par le Département en partenariat avec le Syndicat mixte d’aménagement de la basse et moyenne vallée de l’Ognon (SMAMBVO) et la commune de Geneuille. Quinze passages d’inventaire ont été réalisés sur cet ouvrage entre le 14 mars et le 24 mai 2022. Au total, 1639 amphibiens de huit espèces différentes ont été capturés sur ces quinze passages : la salamandre tachetée, le triton alpestre, le triton crêté, le triton palmé, le crapaud commun, la grenouille agile, la grenouille rousse et le complexe des grenouilles vertes. Les résultats sont concluants: une baisse du taux de mortalité a été constatée en période de migration.